(32) Nous prendrons le risque d'affirmer que cette notion si familière nommée "air du temps" est issue de la notion "d'Esprit du temps", ou "d'Esprit universel", de G.W.F. Hegel. In: "Principes de la philosophie du droit." Edition: Tel Gallimard, 1940. Sections: 340 à  347. Pages: 364 à 368. Nous pensons, à l'instar de Karl R. Popper dans le tome 2 de "La société ouverte et ses ennemis", qu' Hegel y développe les plus abjectes théories qui ont constitué les fondements du totalitarisme moderne, lequel s'est toujours mis en quête d'édifier des plans globaux de transformation de la société, en faisant table rase des traditions et du passé, au lieu de procéder fragmentairement et en essayant de contrôler de manière scientifique les tentatives de réforme fragmentaires de la société. La doctrine totalitaire considère toujours que la méthode fragmentaire est utopique (voir à ce sujet les arguments de Karl R. Popper, in: "Misère de l'historicisme", ouvrage cité plus haut, section 21: "technique fragmentaire ou technique utopique ?", pages 82 à 89), qu'il existe des lois de l'évolution historiques (constituant l'Esprit du temps) qui sont inéluctables et qu'il est donc criminel de s'y opposer, et que : "l'attitude la plus raisonnable qu'on puisse adopter est de rectifier son propre système de valeurs de manière à le rendre conforme aux changements imminents" (Karl R. Popper, in: "Misère de l'historicisme", page 68), quitte à pouvoir justifier les crimes les plus abominables puisque: "lors même qu'une société est arrivée à découvrir la pente de la loi naturelle qui préside à son mouvement, […] elle ne peut ni dépasser d'un saut ni abolir par des décrets les phases de son développement naturel. Mais elle peut abréger la période de la gestation, et adoucir les maux de leur enfantement." (Karl Popper, dans l'ouvrage précité, page 65, cite ici Karl Marx).

(33) A ce sujet, nous adhérons aux conceptions suivantes de Gaston Mialaret, selon lequel: "…la première affirmation de principe à faire est relative à une double exigence de toute méthode pédagogique: la cohérence et l'adaptation continue."…"Cette cohérence satisfaisante pour l'esprit du pédagogue et pour celui de l'éducateur est une nécessité pour la formation et la structuration correctes de la personnalité de l'élève. Beaucoup de désadaptations scolaires sont liées, de près ou de loin, à certaines discordances dans l'attitude de l'éducateur ou de la situation de l'école que l'élève ne comprend pas, interprète mal et ainsi, des oppositions, des conflits peuvent perturber gravement la progression normale.". Gaston Mialaret. In: "Introduction à la pédagogie". Edition: P.U.F. 6° édition, octobre 1983. Page: 71.

(34) Voir au sujet de la méthodologie des programmes de recherche scientifiques: I. Lakatos. In: "Histoire et méthodologie des sciences". Edition: P.U.F. 1° édition,  février 1994. Chapitre 1. Pages: 62 à  71. Nous inspirons de Lakatos pour faire référence aux recherches en didactique de l'E.P.S. qui ,d'après le livre: "Recherches en E.P.S., bilan et perspectives". Ouvrage collectif. Edition: Revue E.P.S., semblent s'appuyer massivement sur la méthodologie de Lakatos (que nous jugeons insuffisante) compte tenu de la fréquence d'emploi de l'expression "programme de recherche".

(35) Pour une critique fondamentale de la dialectique hégélienne (dont nous estimons que la méthodologie de Lakatos est issue) voir: Karl R. Popper. In: "Conjectures et réfutations". Ouvrage cité plus haut. Chapitre 15: "Qu'est-ce que la dialectique ?". Pages: 456 à 489.

(36) Au sujet des "expériences cruciales de falsification" voir par exemple:
Karl R. Popper. In: "Conjectures et réfutations". Edition: Payot, 1985. Chapitre 8: "Le statut de la science et de la métaphysique". Section 1: "Kant et la logique de l'expérience". Page 282: "Kant…a également saisi que les expériences physiques elles-mêmes ne sont pas,  du point de vue généalogique, antérieures aux théories, pas plus que le sont les observations astronomiques. Ces dernières constituent elles aussi simplement des questions cruciales que l'homme pose à la nature par le biais de ses théories, tout comme Kepler avait interrogé la nature sur la vérité de son hypothèse de la circularité".
I. Lakatos; In: "Histoire et méthodologie des sciences." Ouvrage cité plus haut. Sur le problème des "expériences cruciales", nous estimons qu' Imre Lakatos est pour le moins ambigu, d'une part, ensuite qu'il a tort. Page 99, il écrit: "A l'intérieur d'un programme de recherche, des "expériences cruciales mineures" départageant des visions successives sont tout à fait courantes…Pourtant, il arrive maintes fois que les théories d'observation soient elles-mêmes encastrées dans un certain programme de recherche…dans ces cas-là, nous pouvons avoir besoin d'une "expérience cruciale majeure". Mais il ajoute plus loin, page 107: "Même quand un programme de recherche est balayé par son successeur, ce n'est pas par quelque "expérience cruciale".
Nous pensons que Lakatos a échoué dans sa tentative d'éliminer le critère de démarcation de Popper en tentant de montrer que le progrès scientifique peut tout simplement se passer d'expériences cruciales, c'est-à-dire de tests (!). Mais n'importe quel programme de recherche ne peut recevoir confirmation qu'il supplante effectivement un rival qu'à partir d'expériences "cruciales". Contrairement à ce qu'à affirmé et tenté de démontrer Lakatos, nous pensons qu'il ne suffit pas qu'un programme affirme un pouvoir théorique de prédire davantage de faits inédits que son rival (grâce à son heuristique) pour le "supplanter" (Lakatos donne l'impression d'éviter soigneusement le terme de "réfuter"), un programme en supplante en autre, effectivement, lorsque les expériences qui ont pu être réalisées corroborent ses hypothèses. En fait, et selon Lakatos, il nous suffirait, de démontrer qu'en théorie, un grimpeur A propose un meilleur "programme d'escalade" de ce mur qu'un grimpeur B, pour décider que le grimpeur A est meilleur que B. Nous pensons que ce n'est que si le grimpeur A réussit effectivement son pari, (qui prédit théoriquement davantage de faits sur les prises ou d'autres actions en effectuer) qu'il aura "supplanté" le grimpeur B, c'est-à-dire que c'est finalement l'expérience des faits qui permet de départager A et B.

(37) Au sujet de la question de savoir pourquoi tester intersubjectivement les théories, nous nous référons à: Karl R. Popper, in: "Le deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance". (Ouvrage cité plus haut). Chapitre 5, section 11: "Complément à la critique de l'apriorisme. Psychologisme et transcendantalisme chez Kant et Fries. La question de la base empirique". Pages 99 à 151. Nous conseillons plus particulièrement de lire les pages: 120, 121, 135 à 138, 140,141, 148 à 150.

(38) Nous nous référons à l'article d'Alain Boyer intitulé: "La science est-elle un mythe ?". Dans le revue: "Science et avenir". N°111. Juillet-août 1997. "Abolir toute norme, c'est abolir la possibilité de la critique: une critique se fait toujours en fonction d'une norme. De plus, interdire toute norme est évidemment normatif, et donc contradictoire. L'anarchisme est un devenir possible du libéralisme, mais nous savons bien que l'Etat est indispensable, et que l'absence de règles conduit à la guerre de tous contre tous. Toute règle est discutable, mais cela ne veut pas dire que toutes les règles se valent."

(39) Voir au sujet de cette notion, ainsi que pour la notion de "relativisme", Karl R. Popper, in: "Colloque de Cerisy, Karl Popper et la science d'aujourd'hui". Ouvrage cité plus haut. Chapitre 1: "Le mythe de cadre de référence". Pages 13 à 41.

(40) Nous ne nous intéressons à l'idéologie en général, que lorsqu'elle constitue un obstacle potentiel à la recherche de la vérité objective sur un problème particulier. C'est-à-dire que nous croyons qu'il est nécessaire d'éliminer ce qui relève de l'idéologie dans une solution proposée à un problème, afin que cette solution soit plus efficace. Nous n'avons aucune motivation d'ordre idéologique, et ce même si  tout ceci  ressemble certainement à une apologie de la philosophie de Popper. Certains ne manquerons pas d'affirmer pourtant que les notes au sujet du marxisme et de la psychanalyse d'une part, et les notes au sujet des idées de Hayek et Popper d'autre part, ne sont que le reflet de notre idéologie (d'une idéologie anti-communiste ou anti-socialiste). Cela est faux puisque les idées développées par Popper dans "Misère de l'historicisme" et dans "La société ouverte et ses ennemis", ainsi que celles développées par Hayek dans "La route de la servitude" peuvent s'appliquer contre les formes d'activisme (et les planismes) à tendance totalitaire de droite comme de gauche. Finalement, nous reconnaissons qu'à travers l'apologie des idées de Popper, nous avons notre "idéologie" dont les fondements pourraient être: le rejet de l'historicisme et du déterminisme, du relativisme et de l'autoritarisme (et non de l'autorité) et de ses conséquences.
Citons encore Alain Boyer, cf.  note (36): "Nier la différence entre la science nécessairement ouverte et l'idéologie fermée et protégée de tout risque de mise en question, ou entre le récit historique et le récit mythique, peut conduire à mettre sur le même plan la science et la scientologie, ou le Protocole des Sages de Sion, fable tristement célèbre, et le récit d'un Primp Levi, insupportable de vérité: est-ce là qu'on veut en venir ? Le gai savoir, oui, la confusion généralisée, non."

"...j'ai contribué, sur une ligne d'extrême gauche, à impulser une critique de la bureaucratie syndicale, du corporatisme gluant et de la routine pédagogique. (...) j'ai, parmi les tout premiers, complété ma formation d'enseignant d'EP par une formation universitaire de haut niveau jusqu'à la thèse d'Etat (1977) établissant ainsi, de fait, une bivalence farouchement refusée par les staliniens du SNEP, engoncés dans leur corporatisme réactionnaire. (...) enfin la critique freudo-marxiste du sport dont j'ai été l'initiateur en France a radicalement réorganisé le champ des discours idéologiques.(...) C'est donc bien parce que le corps est au centre de toutes les visions du monde (Goldmann) qu'il est impossible de restreindre le champ des disciplines qui prétendent en rendre compte, de la psychologie expérimentale au cognitivisme en passant par l'anatomo-physiologie ou au behaviorisme. L'histoire, la sociologie, l'éthnologie, la psychanalyse, la linguistique, le marxisme, autant de disciplines et de théories qui doivent être retenues si l'on veut restituer la multi-référentialité essentielle du corps"
Jean-Marie Brohm. In : Prétextes à l'EPS, cahiers pédagogiques CRDP de Toulouse. Décembre 1991. "Requiem pour l'éducation physique." Pages : 34 à 38.
Voilà des propos pour le moins révulsés contre une certaine idéologie, tout en étant eux-mêmes fortement motivés par une "autre"(?) idéologie...

(41) Dans le cas de l'attitude autoritaire qui consiste à imposer un point de vue et à tout faire pour le préserver des réfutations et parvenir constamment à "retomber sur ses pattes", nous estimons que les stratagèmes ad hoc consistent à déployer des arguments qui ne sont destinés qu'à confirmer le point de vue de départ sans apporter réellement quelque chose de nouveau (les confirmations sont toujours faciles à trouver). On peut se référer, pour la distinction des différents stratagèmes  ad hoc, à la "classification" proposée par Imre Lakatos, dans l'ouvrage cité plus haut, dans les notes 1 et 2 de la page 125.

(42) Voir à ce sujet: Alain Hébrard. In: "Recherches en E.P.S., bilan et perspectives."  Première partie. "Place et statut des recherches en Education Physique et Sportive en France". Ouvrage collectif sous la direction de: Chantal Amade-Escot, Jean-Pierre Barrué, Jean-Claude Bos, Françoise Dufor, Marcel Dugrand, André Terrisse. Edition: Revue E.P.S. Page: 31.

(43) I. Lakatos. In: "Histoire et méthodologie des sciences." Ouvrage cité plus haut. Chapitre 1. Section 4: "Le programme de recherche de Popper face à celui de Kuhn." Pages: 128 à 133.

(44) Notre jugement peut être rapproché de celui de Philippe Liotard et Gil Mons. In: "L'E.P.S. aujourd'hui, nouveau langage, nouvelles pédagogies ?". Ouvrage collectif sous la direction de Gil Mons. Edition: I.U.F.M. d'Alsace. "Ce que parler veut dire en E.P.S." Pages: 17 à 59.

(45) "Nous n'acceptons les déplacements de problème comme scientifiques que s'ils sont au moins théoriquement progressifs; si ce n'est pas le cas, nous les rejetons comme pseudo-scientifiques. Le progrès se mesure par le degré de progressivité du déplacement de problème, par la proportion de faits inédits que la série de théories nous conduit à découvrir". Imre Lakatos, in: ouvrage cité plus haut, page: 41. Mais, une fois encore, Lakatos ne nous paraît pas apporter quelque chose de décisif par rapport à son concurrent direct: Karl R. Popper, qui dans "La connaissance objective" (ouvrage cité plus haut) décrit à de très nombreuses reprises à l'aide d'un schéma désormais célèbre, le processus de développement de la connaissance (l'apprentissage en général):
"P1 - TT - EE - P2":
Page 198: "C'est-à-dire que nous partons d'un certain problème P1, nous progressons vers une solution à l'essai ou une théorie à l'essai TT (Tentative Theory), qui peut être (partiellement ou entièrement) erronée; en tous cas elle sera soumise à la procédure d'élimination de l'erreur EE, qui peut consister en une discussion critique ou en des tests expérimentaux; à tout le moins, de nouveaux problèmes P2 vont naître de notre propre activité créatrice; et ces nouveaux problèmes, en général, nous ne les créons pas intentionnellement, ils émergent de manière autonome du champ des nouvelles relations que nous ne pouvons nous empêcher de faire naître à chacune de nos actions, même si nous n'en avions aucunement l'intention."
On peut se référer aux pages suivantes du livre:
 Pages: 198; 200; 206 – 207; 230; 260; 264 – 266; 273; 275 – 276; 367 – 368; 427 – 429; 440.
Par rapport à cette notion de "déplacement de problème dégénératif ou progressif", il serait peut-être intéressant d'étudier si notre proposition d'action didactique et pédagogique fragmentaire dans le cadre des projets pédagogiques d'E.P.S. constitue vraiment un déplacement de problème progressif par rapport aux autres méthodologies possibles. (Plus simplement: est-ce que notre proposition apporte quelque chose de réellement nouveau et "pratique" pour la corporation ?).

(46) Didier Delignières et Christine Garsault, in: Revue E.P.S. n°280 - NOVEMBRE-DECEMBRE 1999. "Connaissances et compétences en E.P.S." Page: 43.

(47) Pour les "reconstructions  rationnelles de l'histoire." Nous nous référons aux conceptions de I. Lakatos. In: "Histoire et méthodologie des sciences." Ouvrage cité plus haut. Chapitre 2: "Pourquoi le programme de recherche de Copernic a-t-il supplanté celui de Ptolémée ?".  Pages: 179 à 184. Chapitre 3: "L'histoire des sciences et ses reconstructions rationnelles." Pages: 185 à  217.
 

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