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Pour une discussion sur les concepts de "prédiction", "dynamique",
"loi d'évolution", "tendance", que nous utilisons dans cet article,
nous nous référons une fois encore à Karl R. Popper
dans l'ouvrage cité plus haut et s'intitulant : "Misère de
l'historicisme". On pourra lire par exemple :
Pour le concept
de "prédiction" (ou de prévision) : chapitre 2, section 11,
et chapitre 4, section 28 ;
Pour le concept
de "dynamique" : chapitre 2, section 13, puis chapitre 3, section 26.
Pour les "lois
d'évolution" : chapitre 4, section 27.
Pour le concept
de "tendance" : chapitre 4, section 27.
Pour donner un exemple de tout ceci, imaginons, conformément à ce modèle, le processus (partiel) d'acquisition de la compétence à respirer pour la nage du crawl :
(A)
= "je peux nager vite en crawl mais j'inspire constamment tête hors
de l'eau."
Commentaire
: nous conjecturons qu'un tel énoncé renvoie à une
classe de problèmes concernant, notamment, la représentation
qu'a le pratiquant de l'efficacité de sa nage lui permettant de
dire qu'il "nage vite". On notera, qu'à ce niveau de représentation,
le pratiquant n'a probablement rien résolu des problèmes
qui se posent au niveau d'une respiration bien adaptée pour le crawl,
particulièrement au niveau de la gestion de l'aspect énergétique
de la respiration ("je peux nager vite, selon moi, mais pas en immergeant
la tête, ce qui rend les choses trop difficiles, par ailleurs, pour
maintenir ma vitesse de nage"...).
Méthode
: l'enseignant, selon notre modèle, proposerait au pratiquant une
situation d'apprentissage dans laquelle il va devoir nécessairement
dépasser ses pouvoirs actuels en les réfutant. Ici,
en prenant conscience que l'on ne peut pas nager aussi vite qu'un autre
pratiquant d'un même niveau initial, si ce dernier a déjà
appris à nager en immergeant régulièrement sa tête.
Donc qu'il y a quelque chose de contradictoire en (A), à savoir
que nager vite en crawl est incompatible avec le fait de garder la tête
hors de l'eau , et que cette contradiction révèle la fausseté
de (A). Cette situation d'apprentissage pourrait être une confrontation
contre un autre pratiquant, avec au préalable (et si nécessaire)
le contrôle par le pratiquant concerné par le problème
à résoudre que son concurrent a sensiblement les mêmes
caractéristiques que lui : niveau de départ, taille, poids,
envergure, etc..
Résolution
: une fois le problème résolu, c'est-à-dire une fois
obtenues les modifications comportementales souhaitées (immerger
régulièrement la tête dans l'eau, etc.) notre
pratiquant deviendrait capable d'accéder au niveau de réprésentation
suivant:
(B)
= "je peux nager vite en crawl mais seulement en immergeant la tête
de manière régulière.Cependant, je ne peux pas nager
longtemps par rapport à cet autre élève (ou je nage
encore significativement moins vite pour des raisons que j'ignore encore)
et j'ai tendance à inspirer de temps en temps en orientant le visage
vers l'avant."
Commentaire
: une fois atteinte cette nouvelle classe de problèmes, il reste
comme pour (A) à définir une situation pour permettre à
l'élève de passer à une classe de problème
d'un niveau supérieur, qui sera, comme on l'aura compris, toujours
définie selon les connaissances que l'on souhaite voir acquérir.
Methode
: dans sa structuration, la méthode serait identique au cas précédant.
Résolution
:
(C)
= "je peux nager vite et même aussi vite que cet autre pratiquant.
De plus je ne met plus le visage vers l'avant. Mais j'éprouve toujours
un certain inconfort lors de l'inspiration que je n'arrive pas à
éliminer."
Commentaire
: notons qu'à ce stade, si le pratiquant ne met plus jamais le visage
vers l'avant pour respirer en crawl et s'il se maintient dans une certaine
zone de performance, nous pouvons considérer que cette stabilisation
des comportements prend toutes les apparences d'un "Savoir". Il est en
effet fort peu problable qu'une fois atteint un très haut niveau
de pratique en crawl, le pratiquant se mette subitement à inspirer,
ne serait-ce qu'une seule fois, en orientant le visage vers l'avant (en
tout cas je ne crois pas qu'il ait été donné de voir
ce genre de faute grossière à partir d'un certain niveau
de pratique, ou alors juste avant d'effectuer une culbute). Dès
lors, on considérera que notre idée selon laquelle il est
impossible d'acquérir des "savoirs" est totalement fausse, et surtout
dans le domaine de l'apprentissage moteur, ou que nous avons choisi un
mauvais exemple. Mais ce serait occulter l'argument essentiel selon
lequel, dans le cas de la respiration en natation, le fait de bien respirer
ou de "respirer parfaitement", ne se limite pas seulement au fait
de ne plus mettre le visage vers l'avant lors de l'inspiration en crawl.
Et il se peut que les problèmes respiratoires subsistant comme "composantes
perturbatrices" pour un nageur de haut niveau proviennent de sensations
d'inconfort respiratoire elles-mêmes dues au fait que des problèmes
respiratoires du niveau de (A) (comme celui que nous avons décrit)
n'ont pas "parfaitement" éte résolus : même si le nageur
ne met plus le visage vers l'avant pour inspirer, le fait d'avoir "résolu"
ce problème a provoqué une "adaptation" au niveau du temps
d'inspiration, qui n'étant pas immédiatement perceptible,
a fini par engendrer une sensation d'inconfort difficile à éliminer
en raison des progrès réalisés par ailleurs au niveau
de la propulsion (en allongeant le trajet moteur, la durée et le
placement idéal de l'inspiration ont été perturbés).
Le problème de la respiration est relatif aux classes de problèmes
concernant la propulsion et l'équilibration, et ces classes de problèmes,
demeurent, tout en évoluant avec le niveau de pratique : le nageur
russe Alexander Popov par exemple (nous ignorons quels sont les problèmes
techniques de ce nageur) n'est pas resté invaincu sur 100 mètres
nage libre si longtemps sans constamment paufiner, adapter sa technique
car la concurrence travaille aussi (...) et l'adversité pousse continuellement
à progresser.