Adieu la psychanalyse !
(Ludwig Binswanger : "celui que la psychanalyse a empoigné, elle ne le lâche plus.")
(Modifié le 30/12/2004).



        Ce que nous interdit la psychanalyse et qui motive notre rejet total, c'est que dans la vie quotidienne, lors de tous nos rapports avec les autres, il est pratiquement devenu impossible de concevoir sa propre vie psychique, son être psychique, en dehors d'elle. Il est "interdit de se penser psychiquement sans elle." Quoique l'on dise, quoique l'on pense, ou que l'on fasse, la super-théorie peut toujours vous recouvrir de ses filets. Elle prétend pouvoir libérer alors même qu'elle nie de façon absolument certaine et explicite tout libre arbitre dans la vie psychique. Elle prétend pouvoir libérer en proposant son cadre de référence, une prison intellectuelle dont nous ne pourrions pas faire reculer les murs. La psychanalyse est un piège à rat qui séquestre dans sa camisole de mots toute créature qui s'allonge sur le divan. Ses idées semblent avoir imprégné mes contemporains jusque dans leur plus intimes réflexes intellectuels, en renforçant notamment le positivisme vers lequel le sens commun est naturellement attiré ou leur permettant de justifier d'insupportables pressions de conformité : quelle jouissance pour la vanité, quelle sensation de puissance lorsque l'on croit pouvoir tenir quelqu'un sous une gangue interprétative comme la psychanalyse après lui avoir posé sur le crâne l'entonnoir  de l'inconscient freudien (1). Jacques Bouveresse évoque le fait que la psychanalyse a de quoi s'imposer irrésistiblement à des "êtres constitués comme nous le sommes", c'est-à-dire des êtres invariablement attirés par la recherche de régularités, de stabilités rassurantes reposant sur quelque chose de solide et sûr. En effet,  pour "prouver" ses théories, elle n'a jamais pu faire autrement que de mettre en avant de "nombreuses confirmations", et le sens commun, aime les confirmations, les probabilités, les régularités, mais ignore le plus souvent que les confirmations aussi nombreuses soient elles ne prouvent rien, et que ce sont les tentatives de réfutations qui ont échoué ou réussi à éliminer une théorie qui seules peuvent en révéler le contenu véritable. Mais la psychanalyse, tout comme la psychologie, attire aussi des créatures parfois avides d'égo ou d'un ascendant sur autrui permettant de le contrôler ou d'affirmer une dominance par un cadre conceptuel et rhétorique qui lui empêcherait de s'en sortir sans passer pour un déviant ou un malade.
        Une authentique connaissance scientifique ne peut, précisément, jamais reposer sur quoique ce soit de "solide et sûr" (ou d'absolu), comme le démontre Popper dans sa "Logique de la découverte scientifique", puisque lorsque nous parvenons à corroborer une théorie ce n'est que par l'intermédiaire d'une succession de tests dont les conditions initiales, reposant elles aussi sur des hypothèses scientifiques corroborées (les instruments d'observations avec les théories scientifiques qui ont servi à les fabriquer font partie des conditions initiales), sont seulement considérées comme "non problématiques" (puisque précédemment corroborées) pour que les dits tests soit possibles : cela veut dire que les conditions initiales qui permettent les tests, ne peuvent être, en elles-mêmes, absolument certaines et définitivement vérifiées. Par ailleurs, lorsqu'une théorie est dite scientifiquement corroborée à l'issue d'un test intersubjectif qu'elle réussit à passer avec succès, ce n'est que parce que le test en question est logiquement déductible d'une tradition précédente de tests reconnus par la communauté scientifique internationale. Nous ne pouvons pas jouer les Robinson Crusöe (2) et clamer que les tests que nous avons faits, seuls, sont valides, en faisant fi de tout un savoir antérieur, toute une tradition qui a bâti difficilement un "savoir tester" de plus en plus performant et sévère, interdisant toujours plus d'événements empiriques possibles, que nous pouvons ignorer si nous prétendons pouvoir tester dans notre coin une théorie appartenant à une tradition scientifique dont nous ne connaissons rien. Celui qui prétend tester seul et "scientifiquement", est confronté à l'alternative suivante : ou bien risquer de redécouvrir à lui tout seul tout un savoir déjà testé par d'autres, et recommettre les mêmes erreurs, ou bien tenter d'imposer sa nouvelle découverte comme un révélation du Néant, exactement à la manière de Freud, bien que Freud ne rechercha, de surcroît, jamais des réfutations objectives de ses propres conjectures sur la base d'une discussion rationnelle et critique avec d'autres, mais toujours des confirmations fussent-elles "cliniquement prouvées".  Le lecteur qui s'aventurera dans l'oeuvre de Freud, cherchera vainement les traces de la tradition de tests intersubjectifs sur la notion d'inconscient qui précèderait  la psychanalyse et dont Freud se serait fait le "génial" continuateur ! Non, Freud s'est toujours présenté comme l'inventeur isolé et héroïque de l'inconscient (pauvre "héro", trahissant ainsi sa conception naïve et erronée de la Science), soit-disant en "rupture" avec une tradition de recherche sur l'inconscient, mais sans avoir jamais démontré en quoi sa théorie constituait une réfutation objectivement contrôlée d'une autre théorie de l'inconscient précédente ou une amélioration patente et testée empiriquement par la communauté internationale. (Que l'on songe à la crédibilité d'Einstein auprès des physiciens de son temps ou d'aujourd'hui, si ce dernier avait affirmé que sa théorie de la relativité était une auto-révélation, comme sortie du néant, issue de son seul "héroïsme" scientifique et en dehors de tout programme de recherche précédent, occultant toute la tradition ayant fait progresser la physique avant lui !). Comme on le comprend en lisant Karl Popper, tout cela ne peut être  le travail d'un scientifique, ni même d'un génie scientifique, ce n'est que la supercherie d'un charlatan, d'un marchand d'illusions, et d'un imposteur. Bien que Popper, qui ne pouvait avoir lu les livres de Borch-Jacobsen ou de Bénesteau, donc ignorant probablement tout des multiples turpitudes intellectuelles et méthodologiques de Freud, voyait dans la psychanalyse une préscience intéressante (mais non une science) comportant "une grande part de vrai" (Popper). Mais sur ce dernier point, on pourrait utiliser l'argument d'Eysenck pour répondre à Popper que : "tout ce que la psychanalyse a dit de nouveau n'était pas vrai, et tout ce qu'elle a dit de vrai n'était pas nouveau". (Au sujet des stratagèmes et mensonges de Freud, on pourra lire des arguments dévastateurs dans les livres de Mikkel Borch-Jacobsen. Par exemple : "Les souvenirs d'Anna O.", ou encore "Folie à plusieurs", de cet auteur. Ou encore dans le livre de Jacques Bénesteau : "Les mensonges freudiens".).
        L'émergence des théories prétendument scientifiques de la psychanalyse par Freud relève donc de l'imposture scientifique (Pierre Debray-Ritzen), laquelle ne peut engendrer notamment pour sa justification, qu'une imposture épistémologique essayant de relativiser voire de nier toute une tradition de réflexion en épistémologie et philosophie des sciences préexistant à toute psychanalyse, (à commencer, bien sûr par la bête noire : Karl R. Popper) ce qui lui permettrait, croit-elle, de se justifier elle-même en créant son propre cadre épistémologique autonome, nécessaire et suffisant.
        Il existe d'ailleurs un site (http://perso.club-internet.fr/tuyau/Psychanalyses/epistemologi.htm) qui est le parfait exemple de désinformation épistémologique, où l'on mélange le vrai et le faux en espérant tromper le lecteur averti par des formules alambiquées, une terminologie bizarre ("ek-siter") et des artifices argumentaires qui tiennent plus d'une rhétorique se voulant habile  à subjuguer, mais ne pouvant éviter le plus souvent le ridicule et le comique involontaire. On jette les mots, à vous de mettre le sens ! Ce stratagème donne tout le loisir aux "jeteurs de mots" de retomber sur leurs pattes (...en jouant, en dernier ressort, sur le sens des mots !) s'il s'avère que le sens que vous avez donné met en évidence leurs élucubrations de manière trop évidente. Si vous avez des difficultés à trouver ce fameux sens c'est que vous êtes un sombre ignare. Mais il vaut mieux se dire que le sens en question n'a qu'une teneur gazeïforme, bien difficile à saisir, ce qui se rapproche beaucoup plus de la vérité. C'est là le fin du fin de nos nouveaux maîtres penseurs. Nous reviendrons plus en détails, ultérieurement (en publiant une critique) , sur ce qui est symptomatique de la malhonnêteté intellectuelle de certains  psychanalystes quand ils savent qu'on tient des arguments capables de jeter par terre leurs incroyables élucubrations. Face à de telles stratégies, il incombe à l'homme libre de faire face, d'assumer "le fardeau de la raison", c'est-à-dire, en l'occurrence, de lire, d'analyser, et de réfuter. La citation qui suit devrait faire comprendre la situation dans laquelle se trouve celui qui recherche la vérité lorsqu'il est confronté au genre de difficulté que nous dénonçons. "Il n'y a point de meilleur moyen pour mettre en vogue ou pour défendre des doctrines étranges et absurdes, que de les munir d'une légion de mots obscurs, douteux et indéterminés. Ce qui pourtant rend ces retraites bien plus semblables à des cavernes de brigands ou à des tanières de renards qu'à des forteresses de généreux guerriers. Que s'il est malaisé d'en chasser ceux qui s'y réfugient, ce n'est pas à cause de la force de ces lieux-là, mais à cause des ronces, des épines et de l'obscurité des buissons dont il sont environnés. Car la fausseté étant par elle-même incompatible avec l'esprit de l'homme, il n'y a que l'obscurité qui puisse servir de défense à ce qui est absurde". (John LOCKE, cité par Jacques BOUVERESSE in: "Prodiges et vertiges de l'analogie". Édition: Éditions raisons d'agir. Paris, octobre 1999).
        Une Science authentique ne repose donc jamais sur une base rocheuse, parfaitement déterminée après un test, et encore moins, parfaitement déterminée avant tout test (comme la psychanalyse !) , ses énoncés universels au sens strict qu'elle réussit ou non à corroborer demeurent des hypothèses puisque ce sont des énoncés universels au sens strict...et cette dernière raison est requise pour la déduction d'autres énoncés permettant par exemple certaines applications pratiques comme la fabrication des vaccins, ainsi que tous les autres objets faisant partie de notre monde empirique (notre Monde "1", ainsi que le nomment Popper et Eccles, à côté des Monde "2" des états de conscience, et Monde "3" de la connaissance objective) puisque avec des énoncés qui ne seraient que numériquement universels, pour une région spatio-temporelle donnée, nous ne pourrions déduire que des énoncés valides dans le labs de temps de la dite période. On imagine assez bien que si les théories scientifiques constitutives par exemple, des vaccins, étaient des énoncés universels au sens numérique, les vaccins ne pourraient avoir aucune efficacité, il ne pourraient pas même exister ! Puisque le geste d'inoculation d'un vaccin quelconque contre une maladie suppose l'anticipation, la prédiction, de son efficacité (voire de sa relative inefficacité) dans un futur immédiat et également, aussi lointain que possible, selon des conditions intiales, elles aussi, anticipées par des énoncés universels  au sens strict. Ce n'est que si le vaccin échoue de manière répétée que l'on peut, à posteriori, juger de l'étendue de son efficacité dans le temps, mais au moment de son inoculation il est impossible de savoir à quelle date précise le vaccin deviendra inefficace sans disposer, avant l'inoculation, d'un énoncé universel au sens strict du genre : "toutes les fois que j'inocule tel vaccin, je sais que son effet dure approximativement tel labs de temps, et si ce labs de temps est significativement plus long ou plus court que d'habitude, et ce, de manière répétée, alors, la théorie du vaccin peut être considérée comme réfutée". ("Les énoncés de cette dernière espèce peuvent, en principe, être remplacés par une conjonction d'énoncés singuliers car si un temps suffisant est donné, l'on peut énumérer tous les éléments de la classe (finie) en question. C'est la raison pour laquelle nous parlons en de tels cas d'"universalité numérique". (Popper in : "La logique de la découverte scientifique." Édition : Payot. Page : 61)).
        Tout cela entre en conflit direct avec la pensée du sens commun, celle de la majorité d'entre nous, de l'homme de la rue, qui est de ce fait tellement vulnérable aux superstitions "sophistiquées" comme la psychanalyse.
        La psychanalyse et son inconscient se présentent bien comme les nouveaux totems de notre temps. Ils ont aussi leurs tabous : la discussion critique pour la recherche de la vérité, et la croyance dans le libre arbitre humain. Je pense que ces tabous n'ont rien à faire avec l'idée de progrès dans une société ouverte, (ils sont même un obstacle), mais concernent les sociétés primitives et les sociétés totalitaires. Et je pense que les totems, à l'époque ou nous vivons, n'ont plus qu'une seule utilité pratique : celle d'être abattus pour nous libérer. Détruisons-les, il est bien temps !
        Je suis profondément attiré par l'idée de contribuer, modestement, à une libération du carcan psychanalytique. Qu'adviendrait-il si nous réussissions à nous en débarrasser ? Serions-nous prêts à  affronter de nouvelles heuristiques, de nouvelles relations interpersonnelles, un ordre social rénové ? Serions-nous prêts à assumer, encore une fois le fardeau de la Raison, en hommes et femmes libres ? J'aime voir la psychanalyse comme une sorte de "Mur de Berlin" psychologique que nous devons faire tomber. Mais, je le répète, sommes nous prêts à faire face aux nouveaux problèmes qui surgiront de la chute d'un tel mur d'obscurantisme ? Car la chute du Mur de Berlin ou toute nouvelle forme consécutive de progression vers davantage de liberté engendre de nouvelles relations, de nouvelles interconnexions sociales, de nouveaux problèmes inédits (et aussi des conséquences imprévisibles et peut-être riches en perspectives), de nouvelles recherches pour trouver des solutions à ces nouveaux problèmes. Tout ceci démontre, ainsi que le fit Karl Popper, que l'augmentation de notre liberté par l'élargissement de nos cadres de référence suppose que les anciennes connaissances, y compris celles qui prétendent s'imposer à nous comme des dogmes définitifs chapeautant tout à l'instar de la psychanalyse, ne peuvent donc prétendre à un déterminisme à priori et absolu, et doivent être constamment soumises à la discussion critique, et si possible à l'aide de tests intersubjectifs. C'est cela que Popper nomme "le fardeau de la Raison" dans son livre "La société ouverte et ses ennemis", et, paradoxalement si l'on peut dire, ce fardeau sera toujours sur nos épaules tant que nous seront attirés par la liberté puisque celle-ci dépend directement de l'accroissement de nos connaissances. Seul l'homme libre accepte de porter un tel fardeau, il accepte d'en assumer toutes les conséquences, parce qu'il a en horreur ces formes de paternalisme que l'on trouve dans les doctrines totalitaires qui cherchent à lui donner l'illusion de pouvoir le délivrer de ses responsabilités personnelles. ("Ce n'est pas ma faute, c'est mon inconscient !" Voilà quel peut être l'éternel refuge des adorateurs de la théorie de l'inconscient de Freud. Voilà comment les psychanalystes peuvent déresponsabiliser tout  individu qui commet un crime.  Voilà aussi comment l'individu est  placé sous la  tutelle d'une théorie qu'il ne peut qu'accepter que religieusement et dont les clefs ne sont jamais vraiment en sa possession. Dans de telles conditions, cette théorie ne peut pas servir l'individu qui doit s'y soumettre, elle ne peut que l'aliener ou, comme dirait Binswanger, l'empoigner pour ne plus le lâcher).  Il exècre aussi les procédures infantilisantes, quand elles ne sont pas humiliantes de la psychanalyse. Il est donc naturellement et "rationnellement" porté à rejeter, tôt ou tard (...), les théories fermées ou celles qui portent en elles l'utopie d'une marche vers un "monde d'amour et de beauté" (Popper) ce genre de monde qui ne peut exister que dans nos rêves romantiques, nos rêves d'enfant, mais pas dans les espoirs légitimes et réalistes d'hommes et de femmes adultes et responsables.
        La psychanalyse est la nouvelle ennemie du progrès de la société ouverte, c'est une ennemie d'autant plus coriace qu'elle entend ne pas être démasquée en tant que telle, mais plutôt servir ses desseins en croyant nous apporter de nouveaux pouvoirs. Mais puisque la psychanalyse ne peut, du fait des ses fondements déterministes être soumise à aucun test, c'est donc, avant tout, en tant que philosophie que nous devons la rejeter, voire en tant que métaphysique stérile et verbeuse (car toutes les métaphysiques ne sont pas à jeter aux orties), puis à l'aune de ses prétendues conséquences thérapeutiques "efficaces".
        Je demeure convaincu que si nous recherchons à accroître notre liberté, nous devons activement nous débarrasser de cette mythologie qu'est la psychanalyse, tout en sachant qu'il nous faudra accepter d'assumer certaines conséquences imprévisibles nées spontanément de sa chute, ou de son rejet aux poubelles de l'histoire. Il n'y a pas de liberté et d'épanouissement dans le cocooning : la vie n'est pas un perpétuel retour au berceau, "nous devons accepter ce saut dans l'inconnu et l'incertain avec ce que nous possédons de raison pour nous guider vers la sécurité et la liberté" (Karl R. Popper in: "La société ouverte et ses ennemis", tome 1). Ou bien encore : "l'homme peut apprendre, donc il peut être libre".  Alors, comme le fit comprendre le Pape Jean-Paul II au peuple polonais : "n'ayons pas peur", abattons les anciens dogmes, faisons reculer les murs par un acte simple et authentiquement révolutionnaire, qui consiste à faire preuve de courage et d'indépendance intellectuelle en lisant  les livres qui nous révèlent la vérité sur l'imposture psychanalytique.
        J'ai enfin compris que la certitude est incompatible avec la liberté, parce que la certitude et le déterminisme aprioriste et absolu supposent l'immuabilité (cette immuabilité ne pouvant être maintenue que par des formes plus ou moins sophistiquées d'autoritarisme comme celle qui consiste à rejeter dans la déviance les questions insolentes et audacieuses que nous oserions poser, ou parce que celui qui s'emporte aurait toujours tort), et que la vie tout comme la liberté, sont évolution et changement.
 
 

Patrice VAN DEN REYSEN.


Notes :

 
 

(1) "Le freudisme offre des armes efficaces à ceux qui,  pour s'épargner de répondre aux objections, les attribuent à des motivations souterraines, à un "non-dit" dont ils se rendent maîtres à bon compte. Par-là, ils s'attribuent une supériorité intolérable, ils pervertissent la critique et le dialogue démocratique, ils interdisent le débat scientifique. Cela n'est-il pas contraire à l'intention de la psychanalyse et à la pratique du plus estimable des analystes ? Brisons donc les tabous qui infestent notre vie intellectuelle, la plus plate, la plus morne qu'on ait jamais connue dans ce pays, et la plus contrôlée. (...)Critiquer le freudisme c'est se rendre suspect et risquer ce qu'on appelle dans la nouvelle procédure pénale, se faire "mettre en examen". Avec les marxistes, on était convaincu d'esprit bourgeois et impérialiste. Avec les freudiens on est convaincu de résistance pathologique et dénégation. Commen s'en sortir ? En délaissant un terrain où l'on est piégé pour celui de la vérification épistémologique." Préface de Jean-Marie Domenach, in : "Déclin et chute de l'Empire freudien" de H.J. Eysenck. Edition : Guibert, Paris, 1994, page : 12.
 
 

(2)  A ce sujet, voici comment se voyait Freud lui-même, cité par Frank J. Sulloway dans son livre : "Freud biologiste de l'esprit", chapitre : "le mythe du héros dans le mouvement psychanalytique", page : 428.
Freud : "voici comment j'imaginais le futur : j'arriverais probablement à m'en tirer grâce au succès thérapeutique de la nouvelle méthode, mais la science m'ignorerait totalement pendant toute ma vie ; quelques dizaines d'années plus tard, quelqu'un ne manquerait pas de tomber sur les mêmes choses - pour lesquelles le monde n'était pas alors mûr - , le ferait accepter, et me vaudrait l'honneur d'avoir été un précurseur dont l'échec était inévitable. En attendant, tel Robinson Crusoé, je m'installais aussi confortablement que possible sur mon île déserte. Quand je regarde en arrière ces années solitaires, loin des contraintes et de la cohue d'aujourd'hui, tout cela me paraît une époque héroïque. Mon "splendide isolement" n'était pas sans charme ni avantages...Mes publications, qu'il m'était possible de placer avec un peu de mal, pouvaient toujours être en retard sur mes connaissances et attendre autant que je voulais, car il n'y avait pas de priorité à défendre (1914 d, S.E., 14 : 22).
 


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