La réaction des usagers des psychothérapies
à la décision du Ministre de la Santé Publique,
Monsieur Philippe Douste-Blazy,
de censurer le rapport de l'INSERM
sur l'évaluation des psychothérapies.


                Chers internautes, après avoir pris connaissance du contenu de la page de ce site relatant l'action du Ministre de la Santé Publique en faveur du groupuscule d'intellos et de psychanalystes ayant réussi à faire censurer le rapport de l'INSERM, vous avez maintenant, la possibilité de prendre connaissance de la réaction des principaux intéressés par ce rapport : les usagers ! Les textes disponibles sur cette page sont également téléchargeables à partir des différents liens proposés. Bonne lecture.
 

Patrice Van Den Reysen.


Médiagora Paris
 

L’Association de celles et ceux qui souffrent de phobie et d’anxiété
Association Loi 1901
Association affiliée à la FNAP PSY



 
 
 
 

COMMUNIQUE DE PRESSE

Paris, le 9 février 2005

Nous venons de prendre connaissance de la prise de position de notre Ministre de la Santé, Monsieur Philippe Douste-Blazy contre l’utilisation du rapport de l’Inserm sur l’évaluation de l’efficacité des psychothérapies, évaluation qui représentait une avancée en termes de diffusion de l’information médicale et une première en France dans le domaine des maladies mentales.

Pour rappel, ce travail commandé par la Direction Générale de la Santé avait été sollicité par les deux grandes associations des représentants des usagers en santé mentale en France, à savoir la FNAP PSY (Fédération Nationale des Associations d(ex) Patients en PSYchiatrie) et l’UNAFAM (Union Nationale des Associations de Familles de Malades psychiques) .

Cette décision du Ministre s’est faite dans le cadre d’une allocution lors d’un forum qui s’est tenu à la Mutualité de Paris, ce samedi 5 février 2005, et organisé par l’Ecole de la Cause Freudienne et son chef de file Jacques-Alain Miller. Le Ministre de la Santé a parfaitement le droit, en privé, d’avoir une sensibilité proche de tel ou tel courant psychologique et même de demander l’avis de tel ou tel intellectuel public. Il n’en demeure pas moins que le Ministre d’Etat se doit d’avoir une position de neutralité et de consulter, avant d’appliquer une telle décision, tous les protagonistes et acteurs du champs de la santé mentale : les psychiatres, les psychologues, les associations de patients, sans discrimination.

Le rapport, aujourd’hui banni du site du Ministère, a été réalisé, aux frais des contribuables, par huit experts choisis par l’Inserm, en toute indépendance. Ces experts représentaient les différentes tendances de la psychothérapie. L’Inserm peut donc être difficilement accusable de malhonnêteté intellectuelle. De surcroît, le Directeur Général de la Santé, William Dab a donné publiquement, en février 2004, un satisfecit à ce rapport en soulignant sa valeur scientifique lors de sa présentation à la presse. Jeter au pilori ce rapport représente, par conséquent, une atteinte au droit à l’information des malades et un dédain envers leurs associations qui oeuvrent depuis longtemps pour favoriser l’accès au soin et créer un tissu de réseau citoyen permettant d’endiguer l’isolement et la détresse de milliers de personnes en souffrance psychique.

Nous devons tous nous tenir au-delà des querelles de clochers. Les usagers en santé mentale en ont cure. C’est une question de santé publique. La démarche psychothérapeutique relève du soin. En tant que patients et donc acteurs à part entière de notre santé, nous voulons donc légitimement connaître ce qui soulage le mieux et s’avère fonctionner. Il s’agit bien de « l’obligation de moyen » que tout médecin, y compris notre Ministre, médecin de son état, se doit d’appliquer sans réserve.

Nous demandons donc non seulement à ce que puissent être consultés les représentants des malades et ceux du corps médical quant à la qualité des prises en charge en psychothérapie mais encore que les professionnels de la santé, en particulier ceux qui travaillent auprès de personnes fragiles, comme c’est souvent le cas en psychiatrie, puissent rendre des comptes sur leurs méthodes de travail auprès de leurs patients. Le fait que la méthode de travail des thérapeutes soit régulièrement évaluée (il y a bien l’obligation de formation médicale continue) devrait être considéré comme normal et relever même d’une reconnaissance pour une discipline difficile qui nécessite humilité, humanisme mais aussi rigueur scientifique.

Annie GRUYER
Présidente de Médiagora Paris

Médiagora Paris
C/o FNAP PSY
3 rue Evariste Galois
75020 PARIS
Tél. 01 42 82 70 60
E-mail : mediagora@free.fr
http://mediagora.free.fr

Télécharger le document



AFFORTHECC
 
 
 

Association Francophone de FORmation et de Recherche en THErapie Comportementale et Cognitive


Membre de L'European Association for Behavior and Cognitive Therapies
Membre de la Fédération Française de Psychiatrie

3 rue du coteau 74150 RUMILLY – France – téléphone 00.33.4.50.64.51.75

Monsieur DOUSTE-BLAZY
Ministre des Solidarités, de la santé et de la famille
8, avenue de Ségur
75350 PARIS 07 SP

Lyon, le 11 février 2005
 
 

Monsieur le Ministre,
 

En tant que vice président  de l’association francophone de thérapies comportementales et cognitives (AFFORTTHECC), je tiens à vous exprimer notre indignation suite à vos propos tenu le 5 février au forum des psy à la Mutualité.

Notre association regroupe plusieurs centaines de thérapeutes français, belges, suisses, québécois, luxembourgeois, marocains et autres francophones. Des professeurs, médecins et psychologues de réputation internationale font partie de l’association et de son bureau.

Toutes ces soignants sont confrontés au quotidien, dans les institutions psychiatriques et les cabinets, à la souffrance mentale la plus extrême. Ils ont trouvé dans les thérapies comportementales et cognitives un moyen efficace de soulager des patients handicapés dans leur vie quotidienne et sociale par cette souffrance.

Les membres du bureau de l’association, me demandent de vous faire part de leur indignation et de leur inquiétude face à votre décision d’enlever du site du ministère le rapport INSERM sur l’évaluation des psychothérapies et face à vos propos tenus le 5 février à la mutualité auprès d’un groupuscule de  psychanalystes minoritaires mais influents semble-t-il « vous n’entendrez plus parler de ce rapport Inserm » leur avez-vous dit.
Monsieur le Ministre,avez-vous mesuré les conséquences désastreuses de vos décisions ?

Vous privez les Français de thérapies efficaces dont tous les autres européens disposent. Vous allez à l’encontre des associations de patients ayant demandé cette étude, de la direction générale de la santé et de l’INSERM .Vous vous opposez aussi  à l’organisation mondiale de la santé qui préconise les thérapies comportementales et cognitives comme moyen de traitement efficace de plusieurs troubles mentaux.

En tant que Ministre de la santé, vous dérogez à votre devoir d’information du public français sur les moyens de soins efficaces en psychothérapies reconnus et utilisés dans le monde entier.

En tant que médecin vous dérogez à votre obligation de moyen devant fournir aux patients tous les moyens de soin efficaces sur sa maladie.

Nous sommes solidaires de la réaction que Madame Annick Craignou présidente de l’AFTCC vous a transmis par courrier du 10 février. Nous avons reçu de nombreuses plaintes de  patients et associations de patients suite à vos propos ? Certaines d’entre elles (par exemple MEDIAGORA, l’UNAFAM…) ont publié des communiqués de presse traduisant le malaise que votre prise de position intempestive a déclenché.

Nous attendons,de votre part, par voie de presse, un démenti immédiat de vos propos sur le rapport INSERM, une réhabilitation de ce dernier et l’application de  ses conclusions afin d‘apporter aux Français les psychothérapies efficaces que vous êtes en train de leur enlever. Ceci à la différence de tous les autres pays développés, qui eux respectent les résultats des expertises. Elles sont nombreuses et confirment toutes les résultats de l’expertise de l’INSERM montrant la grande efficacité des thérapies comportementales et cognitives.

Nous attendons aussi vos excuses  auprès des patients, des psychothérapeutes et des chercheurs dont vous avez méprisé le travail.

Compte tenu de la gravité des faits, sans correctif public de votre part par voie de presse, nous envisagerons de saisir le conseil de l’ordre, le premier ministre et la présidence de la république .

Dans l’attente, recevez Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération.

Docteur Frédéric Fanget
vice-président de l’Afforthecc
 

Télécharger le document



AFTCC



 
 

Monsieur DOUSTE-BLAZY
Ministre des Solidarités, de la santé et de la Famille
8, avenue de Ségur
75350 PARIS 07 SP
 
 

Paris, le 10 février 2005
 
 

               Monsieur le Ministre,

      Je dois vous faire part, en tant que Présidente de l’AFTCC, de mon étonnement, de ma protestation et de mon inquiétude créées par la lecture de l’article paru dans le journal Le Monde, daté du 7 février 2005, relatant votre intervention, le 5 février, au Forum des psys, à la Mutualité.
      Elles me conduisent à vous formuler une demande de rendez-vous.

     Mon étonnement,
      Lors de notre rencontre, le 11 juin 2004, à la mairie de Toulouse, à l’occasion des journées de Thérapie Comportementale et Cognitive, vous m’aviez assuré de votre volonté d’apporter une protection réelle des patients s’adressant aux « psychothérapeutes » et, en conséquence, de réserver ce titre à des praticiens pouvant faire état d’une formation reconnue et validée, l’autoproclamation n’étant pas une garantie suffisant pour les malades.

      Ma protestation,
Vous avez fait retirer du site du ministère un rapport de l’Inserm concernant l’évaluation de l’efficacité des psychothérapies et demandé par la Direction générale de la Santé.
Un groupe minoritaire de psychanalystes militants regroupés autour de Jacques Alain Miller « n’en entendra plus parler » au seul argument qu’ils se sont sentis incompris. Attitude surprenante et incompréhensible de votre part alors que vous avez créé la Haute Autorité chargée d’évaluer l’efficacité des pratiques.
Faut-il comprendre que seuls les usagers en santé mentale n’ont pas droit à cette protection élémentaire ?
Reste que les chercheurs du monde entier, continueront de publier les résultats de leurs études.
Nos représentants vont avoir des difficultés à expliquer, dans les congrès internationaux, que leur Ministre de la santé, par ailleurs professeur des Universités, prétende cacher des études scientifiques irréprochables. Vous jetez un discrédit sur toutes les équipes de chercheurs qui naturellement évaluent leurs pratiques afin de faire bénéficier leurs patients des thérapies les plus efficaces.

     Mon inquiétude,
Comment les malades et leurs associations vont-ils apprécier vos propos ? Certes, Monsieur le Ministre, la douleur psychique n’est pas facilement « mesurable » mais en revanche les résultats des thérapies, elles, sont parfaitement « évaluables » et publiables afin que les résultats soient connus des professionnels et usagers. Des guides de bonnes pratiques cliniques existent déjà et notre système de santé semble évoluer dans ce sens.
      Il ne faudrait pas que votre position doctrinaire conduise à des pertes de chances pour les malades. L’exemple historique de la culpabilisation abusive des parents d’enfants autistes est là pour nous rappeler à la modestie.

Ma demande d’entretien,
Vous affirmez votre ambition pour la mise  en place d’une véritable politique pour la psychiatrie. L’association que je préside est fortement désireuse d’y participer. La liste des membres d’honneur de l’AFTCC démontre que nous ne constituons pas un groupe « d’anti-psychanalystes » mais une association de thérapeutes soucieux avant tout de mettre nos compétences au service des malades.

Il me semble nécessaire que nous puissions rapidement nous rencontrer.

Dans l’attente d’une réponse favorable, recevez, Monsieur le Ministre, l’expression de ma considération respectueuse.
 
 

         Annick Craignou
        Présidente de l’AFTCC
 

Télécharger le document
 
 

*  *  *  *


Monsieur Douste-Blazy ne répondant pas,
l'AFTCC écrit au Premier Ministre, Monsieur Jean-Pierre Raffarin :



 
 
 
 

Paris, le 24 février 2005

Hôtel de Matignon
57 Rue de Varennes

75700 PARIS
 
 
 

Monsieur le Premier Ministre,

En tant que présidente de l’Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive (AFTCC), je me permets de vous transmettre copie de la lettre envoyée le 10 février 2005 au Ministre de la Santé, M. Philippe DOUSTE-BLAZY et vous fais part de l’indignation des membres de notre Association face à son silence et à l’ignorance de nos demandes de rendez-vous en date du 18 juin  2004 et du 10 février 2005.

Ces rendez-vous avaient pour objet de participer à la concertation sur la loi portant sur le titre de psychothérapeute et le retrait du site du ministère du rapport Inserm sur l’évaluation des psychothérapies.

Cette attitude me conduit à vous formuler une demande d’entretien au nom de l’AFTCC et de l’Association Francophone de FORmation et de Recherche en THErapie Comportementale et Cognitive (AFFORTHECC).

L’AFTCC regroupe 1 200 professionnels de santé, tous diplômés des universités, soucieux d’apporter le meilleur service aux usagers de la santé et de la santé mentale.

Ces professionnels sont profondément heurtés par les propos tenus par M. DOUSTE-BLAZY le 5 février au Forum des Psys. Ses propos sont irrecevables de la part d’un ministre de la santé.
 

2.

Refusez de garder public le rapport Inserm sur l’évaluation des psychothérapies est un manquement à son devoir d’information envers les usagers, les professionnels et les étudiants.

Refusez les évaluations, quelle que soit l’orientation thérapeutique ou le choix thérapeutique est un acte d’irrespect envers la souffrance des patients. Chaque acteur de soins a le devoir d’évaluer ses pratiques et de les soumettre à critique.

Les associations de patients, les professionnels, les universitaires expriment leur indignation et leur désaccord.

Cette décision, prise par M. DOUSTE-BLAZY, est en complète contradiction avec les orientations de son plan Psychiatrie et Santé Mentale et les missions de la Haute Autorité de Santé.

Dans le journal Le Monde du 4 février 2005, M. DOUSTE-BLAZY déclare « la loi (sur le titre de psychothérapeute) a été votée et nous sommes effectivement engagés dans une concertation sur sa mise en place. Ces négociations se passent dans un contexte dépassionné dans le respect des uns et des autres ».

Le 5 février 2005, il annonce le retrait du site du ministère du rapport Inserm sur l’évaluation des psychothérapies. Ce rapport démontre l’efficacité des thérapies comportementales et cognitives (TCC) dans une grande majorité des troubles étudiés.

Monsieur DOUSTE-BLAZY parle de concertation le 4 février, AVEC QUI ?
 

3.

L’AFTCC et l’AFFORTHECC représentent les professionnels spécialisés en TCC. Nos demandes de rendez-vous sont restées sans réponse à ce jour, tant en ce qui concerne la loi sur le titre de psychothérapeutes que sur le retrait du rapport Inserm.

Nous sommes écartés des négociations qui concernent tous les professionnels exerçant les TCC, or nos associations sont les seules représentantes de cette discipline.

Chercheurs ou professionnels de terrain, nous sommes de réels partenaires de santé. Cette double mise à l’écart va à l’encontre de l’intérêt même des patients et du principe de concertation.

Le Docteur Frédéric FANGET, vice-président de l’AFFORTHECC et moi-même, présidente de l’AFTCC, sollicitons, auprès de vous, un rendez-vous en espérant une issue favorable à cette situation inacceptable pour nos praticiens et les patients.

Dans l’attente de votre réponse, recevez, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma plus haute considération.
 
 
 

Madame Annick CRAIGNOU
Présidente de l’AFTCC

PJ : Copie des lettres du 18/06/04 et du 10/02/05 à M. DOUSTE-BLAZY.

Télécharger le document
 


AEMTC



 
 

Monsieur DOUSTE-BLAZY
     Ministre des Solidarités, de la Santé et de la Famille
     8, avenue de Ségur
     75350  Paris 07 SP
 
 

Monsieur le Ministre,

En tant que Président de l’AEMTC (Association pour l’Etude, la Modification et la Thérapie du Comportement), je tiens à vous exprimer ma stupéfaction quant à vos propos du 5 février au forum des psys à la mutualité.

Notre association regroupe de très nombreux chercheurs et praticiens du champ cognitivo-comportemental. Tous sont animés par le désir de mieux comprendre l’homme normal et pathologique et d’apporter des réponses à la souffrance psychique.

Pourquoi les Psys Belges commentent-ils l’actualité française ?

Vous devez savoir, Monsieur le Ministre, que, partageant la même culture, nous partageons les mêmes tourments et les mêmes défis.
Aussi, les  tempêtes de l’hexagone s’exportent-elles facilement chez nous.
Enfin, l’ambition de la France de jouer un rôle majeur dans  la francophonie va, selon nous, de pair avec la capacité d’écoute au delà de ses frontières.

Pourquoi ne pouvons nous pas être en accord avec votre position ?

Il faut rappeler que le rapport INSERM  a été diligenté pour la plus grande part par des associations de patients désireux de clarté en ce qui concerne l’efficacité des psychothérapies proposées sur le marché, et non pas par une prétendue attaque des comportementalistes contre la psychanalyse. Nous sommes trop respectueux de nos patients pour nous permettre d’ignorer leurs préoccupations.

Il faut rappeler que l’acte psychothérapeutique, s’il est considéré par d’aucuns comme une démarche de développement personnel – ce qui n’est en rien contestable – est vu par la majorité comme une démarche de soin. Les actes de soins se doivent d’être évalués quand à leur efficacité et leur inocuité.

Il faut rappeler que si l’on peut argumenter sur la pertinence de certains critères d’évaluation, on ne peut refuser l’évaluation elle-même, fondement de la démarche scientifique, sans revenir à une forme ou l’autre d’obscurantisme.

Il faut rappeler enfin que le rapport INSERM fait écho à d’autres rapports et recommandations internationales (telles l’OMS) faisant état de l’indication des thérapies comportementales dans de nombreuses pathologies.

Pour ces raisons, nous ne pouvons ignorer votre intervention et nous déclarons solidaires dans l’indignation avec  nos collègues, confrères et associations de patients en France.
 

Recevez, Monsieur le Ministre l’assurance de notre considération.
 
 
 

      Docteur Philippe Fontaine
      Président de l’AEMTC

Télécharger le document
 


IRCCADE


 

INSTITUT DE RECHERCHE COMPORTEMENTALE
ET COGNITIVE
SUR L’ANXIÉTÉ ET LA DÉPRESSION

Association fondée en 1993 et régie par la loi 1901
Formation Continue n° 72.33.05475.33
 

M. Ph. DOUSTE-BLAZY
Ministre des Solidarités, de la Santé
et de la Famille
8, avenue de Ségur
75350 Paris 07 SP
 

Bordeaux, le 23 février 2005
 
 

               Monsieur le Ministre,

            En temps que Président de l’association IRCCADE, je m’adresse à vous pour vous faire part de notre surprise en découvrant la retranscription de vos propos à la Mutualité et votre décision de retirer du site du Ministère de la Santé le rapport INSERM « Psychothérapie : trois approches évaluées ».
            Notre surprise vient du fait qu’en dehors d’une argumentation, cet acte discrédite les efforts d’une commission qui a travaillé durant deux ans selon des règles transparentes. Vous semblez en effet, dans vos propos relatés dans le journal « Le Monde », remettre en cause le fait que la souffrance psychologique ne puisse être évaluable et curable selon les mêmes règles que celles appliquées pour les autres pathologies. Cela relèverait d’une méconnaissance de la souffrance mentale, de son histoire, de ses descriptions cliniques, de ses modèles, des traitements appliqués qu’ils soient pharmacologiques ou psychothérapeutiques.
              IRCCADE est une association qui organise plus de deux mille heures de formation continue par an, en majorité à destination de praticiens titulaires de diplômes de 3ème cycle de l’Université, qu’ils soient médecins, psychiatres ou psychologues.
               Nous attendons donc des explications sur ce qui motive cette décision.
1) Faut-il penser que ces praticiens rompus à l’exercice quotidien des soins portés à la souffrance mentale soient dans l’erreur puisque la reconnaissance de leurs techniques est censurée?
2) Notre association bénéficie d’un numéro de formation continue attribué par la Préfecture. Cet acte de reconnaissance officielle n’a-t-il pas de sens ?
3) Certains d’entre nous ont exercé, ou exercent toujours des responsabilités à l’Université et à l’hôpital. Faut-il croire qu’ils ont une pratique sans argument pourtant reconnue par le Ministère de l’Education Nationale et le Ministère de la Santé?
4) Beaucoup d’entre nous ont publié dans des revues à comité de lecture, dont vous connaissez la rigueur, certains d’entre nous ont écrit des livres. Faut-il croire que les pairs ou les éditeurs sont dans l’erreur ?
5) En tant que Ministre de la Santé, comment pouvez-vous discréditer, par cet acte de retrait d’un rapport officiel de l’INSERM et par vos déclarations rapportées dans la presse, tout un courant de pensée qui a déjà soigné des milliers de malades, qui est majoritaire dans de nombreux pays développés, qui
 
 

procure qualité de vie et économie de handicap, qui bénéficie d’un siècle de recherche mondiale au profit d’un autre courant de pensée ? Le débat contradictoire, que notre approche scientifique a toujours fait progresser, doit-il se solder par la censure ministérielle de notre travail ?
6. D’un point de vue de médecin, il est troublant de concevoir que la maladie psychiatrique et la souffrance mentale ne puissent pas bénéficier du même crédit objectif et des mêmes moyens d’action que les malades atteints d’autres pathologies.
7. D’un point de vue universitaire, il nous semble difficile de justifier une ligne épistémologique consistant à nier l’existence de données scientifiques.

                A ces différents titres, nous vous serions gré de nous fournir des explications ou d’exprimer publiquement un avis plus nuancé.

                    Dans l’attente, je vous prie de croire, Monsieur le Ministre en l’expression de mes respectueuses salutations.
 
 

Docteur Alain SAUTERAUD

Télécharger le document
 


Lettre ouverte de l'AFFORTHECC et de l'AFTCC



 

Paris, le 25 février 2005

 
 

Lettre ouverte à tous ceux qui se
sentent concernés
par l’avenir de la qualité des soins.
 

Madame, Monsieur,
 

Le 26 février 2004, l’Inserm a publié un rapport sur l’évaluation des
psychothérapies : « Psychothérapie - Trois approches évaluées –
Expertise collective » (Editions de l’Inserm Paris 2004), rapport
demandé par les services du Ministère, à savoir la Direction Générale
de la Santé (DGS) et deux associations de patients : UNAFAM et
FNAP Psy.
Il présente la synthèse des travaux du groupe d’experts nommés par
l’Inserm et repose sur l’étude critique de plus de mille études
scientifiques internationales et françaises sur l’évaluation des
psychothérapies.
Ce travail a duré un an et demi et le Professeur William DAB,
Directeur Général de la Santé, a souligné ses qualités scientifiques
lors de sa publication qui a également été acceptée par le Directeur de
l’Inserm, Monsieur Christian BRÉCHOT.
Le Ministère de la Santé et les associations de patients souhaitaient
une évaluation de l’efficacité des trois formes principales de
psychothérapie :
- les thérapies psychanalytiques à court terme,
- les thérapies comportementales et cognitives,
- les thérapies familiales.

Le 5 février 2005, sans aucune concertation ni argumentation
scientifique, le Ministre de la Santé Philippe DOUSTE-BLAZY
annonce qu’il a retiré du site internet du Ministère ce rapport Inserm ;
désormais, aucune référence n’y sera faite de la part du Ministère.
L’Association Française de Thérapie Comportementale et Cognitive
(AFTCC) et l’Association Francophone de Formation et de
Recherche en Thérapie Comportementale et Cognitive
(AFFORTHECC) regroupent 1600 professionnels de la santé et
réunissent les plus grands spécialistes français et internationaux dans
le domaine de la psychologie et des thérapies comportementales et
cognitives.
A ce titre, nous tenons en tant qu’associations de professionnels de la
santé à porter ce fait à votre connaissance. En effet, c’est la première
fois qu’un ministre de la santé conteste une expertise collective de
cette ampleur dont les résultats sont très proches des expertises
collectives menées dans les autres pays européens et d’Amérique du
Nord, sur le même sujet.
Rejetant toute considération scientifique, le Ministre semble prendre
une position personnelle allant à l’encontre de son devoir
d’information aux professionnels et aux usagers. Ces derniers sont en
droit de recevoir une information sur l’efficacité des soins qui leur
sont proposés. Cette information lorsqu’elle provient d’un rapport
scientifique de cette qualité participe aux critères de choix tant des
professionnels en exercice et des patients, que des étudiants en
formation.
Les psychothérapies ont pour objet de prévenir, soulager ou guérir les
différentes formes de souffrance psychique dans leurs expressions les
plus singulières. En déclarant que « la souffrance psychique est
difficilement communicable, elle n’est, en tout cas, ni évaluable, ni
mesurable », Monsieur DOUSTE-BLAZY remet en cause le principe
même de l’évaluation des soins auquel chaque acteur de santé a le
devoir de se soumettre.

Si la souffrance psychique est difficilement évaluable, ses effets et
ses conséquences le sont et les soins proposés doivent être soumis à
la critique et à l’évaluation au risque de sortir du cadre des soins.
La position du Ministre est irrecevable et en contradiction avec ses
propres recommandations émises dans le projet de plan Psychiatrie
et Santé Mentale. Dans l’axe 2 de ce plan, un des objectifs est « de
développer avec les associations d’usagers une action
d’information, alternative à celle diffusée par les laboratoires
pharmaceutiques » (paragraphe 2-1-2 page 33) : en particulier, avec
l’UNAFAM et la FNAP Psy. Ces deux mêmes associations de
familles et d’usagers s’étaient jointes à la DGS pour soutenir la
nécessité d’évaluer l’efficacité des psychothérapies.
Par ailleurs, Monsieur DOUSTE-BLAZY a créé la Haute Autorité
de Santé dont certaines de ses missions sont de :
- veiller à la diffusion des référentiels de bonne pratique et de
bon usage des soins auprès des professionnels de santé et à
l’information du public,
- évaluer scientifiquement les pratiques professionnelles,
- émettre des avis de sa propre initiative, à la demande du
gouvernement, d’organismes professionnels ou d’associations
de patients.
Le rapport Inserm répond à ces trois missions. Rien ne justifie son
retrait un an après sa publication.
Refusant de garder public les conclusions de ce rapport, le Ministre
non seulement jette un discrédit grave et sans précédent sur les
chercheurs français et internationaux, mais également méprise le
besoin d’information des usagers et des professionnels et va à
l’encontre de toutes les recommandations de l’Organisation
Mondiale de la Santé depuis 1993 et de l’Académie de Médecine.

Au nom du respect de la communauté scientifique, du droit à
l’information, des attentes des patients et de leurs associations
représentatives, nous vous engageons à exiger que le rapport
Inserm sur l’évaluation des psychothérapies soit à nouveau
accessible sur le site internet du Ministère de la Santé.
En vous remerciant des actions que vous saurez mener.
 

Docteur Frédéric FANGET Madame Annick CRAIGNOU
Vice-Président de l’AFFORTHECC Présidente de l’AFTCC
afforthecc@wanadoo.fr aftcc@wanadoo.fr
 

Télécharger le document
 


ARAPI


 
 
 
Association pour la Recherche sur l'Autisme et la Prévention des Inadaptations.

 

Arapi - BP 91603 - 37016 Tours cedex 1
Autisme Europe – Rue Montoyer, 39 – B-1000 Bruxelles – Belgique
Autisme France – 1209, chemin des Campelières – 06254 Mougins cedex
Unapei (Union Nationale des Associations de Parents et Amis de Personnes Handicapées Mentales)
15, rue Coysevox – 75876 Paris cedex 18
 

M. Philippe Douste-Blazy
Ministre des solidarités,
de la santé et de la famille
MINISTERE DES SOLIDARITES,
DE LA SANTE ET DE LA FAMILLE
14, avenue Duquesne
75007 PARIS
 

Le 9 mars 2005


 
 

Monsieur le Ministre,
 
 

Nous avons eu l’occasion d’apprécier votre sensibilité à la cause des personnes atteintes
d’autisme au travers du nouveau Plan Autisme que vous avez récemment présenté. Nous avons
été heureux alors de percevoir votre détermination à améliorer la condition des personnes
autistes en traçant les lignes d’une politique courageuse et assortie de moyens, même si ceux-ci
nous paraissent toujours insuffi sants compte tenu du retard à rattraper.

Lors de la conférence de presse de présentation de votre plan autisme, vous avez cité les
travaux de l’équipe de Mônica Zilbovicius en insistant sur le fait que ces travaux scientifi ques
apportaient enfi n la démonstration d’une absence de responsabilité des parents dans l’apparition
de l’autisme de leur enfant.

Nous sommes donc étonnés de votre soutien apporté publiquement aux détracteurs du
rapport établi par l’Inserm sur l’effet des psychothérapies. Ceux qui contestent aujourd’hui
violemment ce rapport sont en effet ceux qui ont le plus mis en cause les parents, ajoutant une
culpabilisation intolérable à la souffrance d’avoir un enfant en diffi culté. Les travaux qui ont
abouti à la rédaction de ce rapport réalisé à la demande d’associations de familles ont été menés
en toute indépendance par des experts regroupant toutes les orientations. Ils s’appuient sur
des travaux scientifi ques et leurs conclusions nous semblent dénuées de tout parti pris. Enfi n,
l’Inserm est un organisme dont le sérieux ne nous semble pas pouvoir être mis en doute.
arapi association pour la recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations
BP 91603 - 37016 TOURS cedex 1 - contact@arapi-autisme.org http://www.arapi-autisme.org 1/2

Notre souci étant que les personnes autistes bénéfi cient de ce qu’il y a de mieux en matière
de soins et d’éducation, nous cherchons à étayer nos actions sur des données scientifi ques qui
doivent permettre de faire des choix éclairés. Une politique de soins et d’éducation ne peut à
notre avis se dispenser de l’éclairage des apports scientifi ques afi n que les moyens disponibles
soient utilisés pour une meilleure évolution et une meilleure qualité de vie des personnes
autistes et de leurs familles.

Nous vous demandons en conséquence de revenir sur votre décision de retrait de ce
rapport. Il marque pour nous une étape importante mais non défi nitive et nous espérons que de
tels travaux pourront continuer à se développer en France.
En vous remerciant pour toute l’attention que vous voudrez bien porter à notre demande,
nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre, l’expression de notre haute considération.
 

Arapi
Autisme Europe
Autisme France
Unapei
arapi association pour la recherche sur l’autisme et la prévention des inadaptations
BP 91603 - 37016 TOURS cedex 1 - contact@arapi-autisme.org http://www.arapi-autisme.org 2/2
 

Télécharger le document



Accueil