"Le front du refus."
(Etats généraux de
la psychanalyse, pétition pour un front du refus.
http://www.etatsgeneraux-psychanalyse.net/actualites/frontdurefus.html)
Chers internautes,
Voici le contenu
d'une pétition que nous avons jugée intenable, et ma réponse.
Patrice Van Den Reysen.
Face
aux restrictions des libertés et des responsabilités individuelles
touchant la culture, la recherche, le droit, l'éducation, la santé,
devant la politique outrancièrement
sécuritaire qui tend à favoriser des mesures d’exception
dans tous les domaines,
face aux tentatives de cadrage,
d’évaluation, de standardisation et de surveillance jusque dans
les rapports qui relèvent de la sphère du privé,
il est urgent d’élever une
protestation ferme et sans ambiguïté.
En ce qui concerne la psychanalyse comme pratique par la parole d'un rapport à l'autre dépourvu d'alibis et se faisant par consentement mutuel, libre et responsable, nous ne saurions entériner l’ingérence de l’Etat qui, dans ses tentatives actuelles de réglementation de la psychanalyse, vise avec les suites du rapport Cléry-Melin sa disparition pure et simple.
Nous ne saurions souscrire :
. ni à l’amendement Gouteyron,
prévoyant la répartition des praticiens en quatre collèges
(dont un de psychanalystes-psychothérapeutes), qui a recueilli les
faveurs de l’École de la Cause et de la Coordination Psy en prenant
pour acquis, dans une démarche anticipatrice, que la psychanalyse
passerait à terme sous le label des psychothérapies qui deviennent
alors un marché à conquérir, à surveiller et
à contrôler ;
. ni à l’amendement Giraud-Mattei
qui sera soumis au Parlement après avoir été majoritairement
voté au Sénat et qui a rallié les associations psychanalytiques
du Groupe de Contact qui se sont montré disposées à
fournir les listes de leurs membres au Ministère concerné
ou à la Préfecture en refusant de prendre en considération
la volonté clairement affichée d’effacement de la psychanalyse
sous le seul titre légal de psychothérapeute.
Nous pensons qu’il est indispensable de préserver la liberté
et la responsabilité de ceux qui s’engagent dans l’expérience
de l’analyse, responsabilité qui ne saurait être déléguée
à un tiers quel qu’il soit.
Nous nous opposons donc à
tout projet de loi visant à réglementer la pratique de la
psychanalyse.
Une démocratie digne de ce nom doit pouvoir tolérer qu’une
telle liberté échappe à sa maîtrise. Elle devrait
même l’encourager et considérer enfin que les citoyens puissent
être responsables devant les lois existantes.
Ma réponse :
Cher Monsieur,
En réalité,
ce qu'il faudrait faire, pour le bien de la démocratie, (et je pense
qu'étant donné le voile opaque et la désinformation
scandaleuse sur l'histoire réelle de la psychanalyse, vous n'avez
de leçon de démocratie à donner à personne),
c'est que les citoyens puissent avoir une idée la plus précise
possible de la valeur de tout ce qu'on leur propose, et ce , grâce
à des évaluations permanentes, contrôlées par
des organismes scientifiques, pour éviter d'être sous l'influence
puis l'emprise culturelle massive de charlataneries, d'impostures scientifiques
comme la psychanalyse. Ce serait, assurément, le pire des mondes
si tout un chacun pouvait vendre sa mixture, sans aucun contrôle,
et de plus, en ayant la possibilité d'affirmer tout de go que "c'est
scientifique", tout en revendiquant avec beaucoup d'arrogance, le prétendu
droit démocratique d'échapper à des tentatives d'évaluation
objectives et scientifiques ! Quelle contradiction ce serait ! Et quel
danger pour la démocratie et la sécurité des gens
! L'essence de la démocratie, mon cher monsieur, c'est l'Etat
de droit, c'est-à-dire, la réglementation, la loi. Les réglementations
et les lois sont nécessaires pour la protection des plus faibles,
des plus crédules (face à des escroqueries comme la psychanalyse),
et votre appel au responsabilisme et d'autant plus croquignolesque que
l'une des "contributions" de la psychanalyse est précisément
de prétendre démontrer que l'être humain ne peut jamais
être pleinement et consciemment responsable de ses actes puisqu'il
serait parfaitement déterminé par son inconscient selon le
totem du déterminisme psychique prima faciae et absolu des freudiens.
Votre argument tient donc du comique involontaire. Venons-en maintenant
à votre argument prétendant justifier la non-réglementation
au nom de la liberté ! (liberté que de crimes ont commet
en ton nom !...). Sachez, cher monsieur, que dans la doctrine libérale
utilitariste (je vous renvoie à l'exellent livre de Franciso Vergara
intitulé : "les fondements philosophiques du libéralisme"),
il n'est pas question de liberté absolue, et de négation
de l'Etat de droit, et que pour un libéral, il faut parfois restreindre
la liberté, par la loi, pour plus de bonheur commun, pour le bien
du bonheur collectif. En effet, la doctrine libérale utilitariste,
contrairement à celle fondée sur le Droit naturel, soutient
que ce qui doit être considéré comme utile est tout
ce qui va dans le sens de l'amélioration du bonheur commun
et de l'intérêt général. Une loi est utile si
elle permet d'améliorer le bonheur commun. Par exemple, dans un
cas de pandémie, il peut s'avérer nécessaire de restreindre
certaines libertés pour le bien commun, la sécurité
des gens. Il est donc parfaitement compréhensible, qu'un état
démocratique et libéral soit toujours, dans son principe,
doté d'un réflexe législateur et réglementateur
pour protéger les citoyens et donc assurer, autant que possible,
le plus de bonheur possible.
Vous voyez, cher monsieur, votre
pétition n'est pas tenable, elle est même scandaleuse, parce
qu'elle est une négation et un refus pur est simple d'accepter les
règles fondamentales nécessaires à l'Etat de droit,
à la démocratie, et au bonheur des gens.